samedi 31 août 2013

vous savez ce que c'est

( comme un peu personne n'as trop fréquenté un de mes précédents blogs je vous ressors, un peu modifié, et article des archives  pour faire genre, je suis productif. Astuce)


Avec du talent un jour je vous raconterais une histoire et ce sera un roman. Celui d'une grève avec des salariés en lutte contre leur patron et en fait ce sera un peu l'allégorie ( ou la métaphore, j'hésite un peu ) du salariat en lutte contre le patronat.


Dans ce roman il y aura des lieux, ce qui est somme toute assez courant mais les miens tu ne les aura pas vu ailleurs.




Le bureau du Directeur


Dans le roman à un moment, plus ou moins opportun le patron, nouvel arrivant dans l'entreprise, enfin la boite disent les salariés, décidera d'inviter les membres du CE à son bureau. Oui, une envie, une lubie, une impulsion soudaine, une " prise de contact " qu'il dirait dans l'invitation. Donc tant qu'à faire les élus du Comité d'entreprise se sont dits on y va. Le bureau était plutôt grand, meublé avec soin de meubles IKEA et agrémenté de graphiques aux couleurs vives exprimant un enthousiasme communicatif pour les CA en hausse constante. La moquette était épaisse, l'isolation semblait bonne. Il leur montra tout avec gourmandise et leur offrit même des chocolats, se réjouit bruyamment quand Ahmed reconnut ce tableau de Munch, le Cri 


" Je suis allé le voir lors d'une escapade à Oslo. Lorsque l'on a une telle pression dans nos métiers il faut parfois s'autoriser des breaks. Vous savez ce que c'est "


Donc tant qu'à faire ils commençaient à exposer au patron leurs légitimes revendications, concernant les salaires, les conditions de travail, le menu de la cantine, les accidents dans l'atelier 42, les fautes de goût dans les notes de service. Tout quoi et plus encore s'il en était besoin. S'attendant à une bataille rangée ils furent surpris et peut être même un peu déconfits de constater que tout cela leur patron le comprenait, avec un total manque dans le laisser aller.





Il comprenait. Il comprenait tout à fait pour le coût de la vie. Il comprenait bien pour le pouvoir d'achat. Il comprenait ce que c'était pour les salaires. A chaque fois, il comprenait. Il le disait d'ailleurs, mine attentive et bras ouverts " je vous comprend. Je vais moi même faire des courses parce que ma femme ..." . Mais ajoutait il la mine soudain un peu plus grave, avec toujours des traces de ce sourire qu'il s'y appliquait chaque matin  " vous savez les Marchés ". Pourtant les camarades avaient un peu tout essayé pour le faire fléchir. Il faut dire que tout le monde avait bossé. Certain avaient même fait appel à des amis. Ceux ci leur avaient confiés pleins de " là tu fais ça " même des " là tu fais ça mais ça m étonnerais que ça t arrive " mais au cas où. On ne sait jamais trop. La veille ils s'étaient répartis un peu les " là tu fais ça ". C'est à dire que Ahmed avait gueulé pour ne pas tous se les taper.  Tout le monde s'était mis d'accord, plus ou moins. Mais maintenant toutes les tentatives semblaient échouer au pied des remparts de " Vous savez bien les Marchés ". Les marchés revenaient en boucle monter la garde devant les bénéfices de l'entreprise.  Ceci lui rappelait un peu son père dans son enfance qui refusait telle sortie avec ses collègues parce que " vous savez bien les enfants". Oui il y avait de ça. Les marchés paraissaient une farandole d'enfants joufflus et insatiables sautillant devant le magot mais qui pouvaient apporter de si grandes joies quand on savait bien les satisfaire. Les marchés ces délicieux petits fripons turbulents et imprévisibles que chacun se retenait pourtant de gourmander. Les marchés un peu ces adorables nourrissons au visage déjà botoxé de la pub Evian capables d'offrir 1 si belle chorégraphie, quand ils voulaient. 









Oui oui oui. N'empêche. Ahmed là, il aurait bien abattu 1 main de travailleur sur les fesses talquées des marchés. Il y aurait bien mis du rouge, de la douleur et des larmes sur ces postérieurs dodus.


Ahmed il aurait bien aimé dire. Dire des trucs. Dire des vies un peu concassées chaque jour par leurs 8 heures de travail à la chaîne et sur lesquels les moindres évènements anodins s'abattaient un peu comme des briques. il aurait fallu que ces mots fassent tâche sur cette moquette qui semblait plutôt bien entretenue, même si elle aussi l'" externalisation des tâches annexes " ne semblait pas lui réussir. Les sociétés de nettoyage, pour le soin et la finition ce n'est pas çà. Mais là les mots ne lui vinrent pas à Ahmed. Il sentit bien, sortant du bureau, tout le monde se regardant par en dessous, qu'ils n'avaient pas été bons.


" Causeritz avait raison. Faut jamais laisser l'adversaire choisir le champ de bataille " furent ces mots " et en plus, ajouta t'il y a même pas de machine à café dans son truc ". Donc je crois que çà promettait d'autres trucs pour des prochains épisodes et me rend presque impatient.

Voilà, je crois que c'est à peu près pas tout à fait çà.


vendredi 23 août 2013

Si c'était grave

La journée s'écoulait, sans plus d'ennui que d'ordinaire. Les saisonniers donnaient à la ligne où je m'étais retrouvé des airs de monôme étudiant. Nous étions Jeudi Vendredi et guettions la fin de journée de l'atelier découpe qui le plus souvent annonce la nôtre avec une heure d'avance. Déjà nos collègues passaient pour ranger les bacs, tandis que je tendais sur son passage une main distraite à Pollux, avec qui je partage le fait d'être titulaire, de n'avoir jamais grimpé le moindre échelon et un goût coupable pour le calembour foireux,
 il se pencha pour serrer la mienne tout en me glissant

" Il a quoi comme problème, l'autre?  Il vient de me mettre une main au cul. " puis poursuivit sa route.

J'allais alors vers celui qu'il visait, étudiant saisonnier venu comme d'autres passé son été à travailler en usine.

" Tu viens de mettre une main au cul ? "


 "Euh ben ouais, c'est la vie quoi "

" Ben non ce n'est pas la vie. Tu vas aller t'excuser s'il te plait "


Il ne me dit pas non. Je n'attendis donc pas qu'il ne me dise oui, appelé ailleurs, certain qu'un garçon aussi vif  comprendrait son erreur.

Le lendemain je recroisais Pollux

" Alors, il s'est excusé ? Comment çà s'est passé ? "

" Ben non, il ne m'a rien dit pourquoi ? "

Quelques instants plus tard je croisais au moment de la petite pause Main au Cul dans le vestiaire des hommes

" Dis toi, quand je t'ai parlé de t'excuser  pour ta main au cul je parlais très sérieusement "

Main au cul

" Ben pourquoi, c'est pas grave, de toute façon je ne suis pas gay "

Je montais le son

" Je te résume le truc " On ne mets pas la main au cul des gens " C'est du monosyllabique. C'est pourtant pas compliqué "

C'est à cet instant que je réalisais être en présence de l'assemblée solidaire des mâles dominants huchant de concert

" Mais d'où tu lui parles comme çà "

" T'es jaloux que ce ne soit pas à toi qu'on ait mis la main au cul ? "

" Oh ca va, il y a des trucs plus graves. Il y a du sang qui coule dans le monde "

J'aurais pu ici répondre que travaillant dans un abattoir, le sang qui coule n'avait pas de quoi nous surprendre. Je préférais quitter la place pour en appeler aux compétences du chef d'atelier,  puisque les miennes ne suffisaient pas. Revenu à l'atelier je me plantais devant la porte du bureau où le chef guettait le retour de la pause des retardataires

" Eh dis, c'est normal que Main au Cul ait foutu la main au cul de Pollux ? "

Il me regarda, éberlué

" De quoi tu me parles ? "

" Je te dis que hier, Main au cul a foutu une main au cul de Pollux. Je voudrais  savoir si c'est normal "

" Ben s'il est d'accord. De toute façon on voit tellement de choses, de nos jours "

" Mais ca va pas bien. Je te parle de harcèlement là ! "

C'est à peu près à cet instant que le chef interpella Pollux qui était à son poste de travail, sur la chaîne.

" Eh Pollux ca va pas bien, qu'est ce qui te prends d'embêter tout le monde avec çà "

" Mais c'est du délire là. C'est Main au Cul qui as foutu une main au cul et c'est Pollux qui se fait engueuler ? "

A ce moment le reste de l'atelier revenait de pause et contemplait notre échange, n'en saisissant visiblement pour ma part que le côté Dramaqueen. Voyant alors que mes efforts étaient vains je choisis de tirer ma révérence

" Si c'est comme çà, je prends ma journée "

Derrière moi j'entendis la voix du chef

" Jean philippe si tu t'en vas je passe çà en absence non justifiée "

Le motif de ma sortie de scène me paraissait pourtant assez évident

Le lundi matin je revins au travail comme si de rien puisque personne ne m'interrogea sur l'épisode.  Lorsque j'allais voir Pollux pour savoir comment il allais, il me répondit d'un " Bof " en me racontant les quelques remarques caustiques que tout ceci lui avait valu.

" Mais tu vas en parler aux élus du personnel quand ils seront revenus de vacances ? "

" Oh. Tu sais, je le ferais, si c'était grave ".



"

mardi 20 août 2013

Cher Manuel Valls,



Cher Manuel Valls,  J’ai appris hier dans Libération les propos que tu as tenus lors du Séminaire Gouvernemental portant sur la France de 2025. Tu as donc, entre autres choses, déclaré que la France allait démontrer, dans les 12 ans qui viennent, que Islam et Démocratie était compatible.



Cher Manuel Valls, quand j’étais au collège il arrivait quelque fois qu’on dise d’un de nos camarade  de classe qu’il faisait son intéressant. Je suis d’accord, dans ton cas  ce n’est pas pareil. Ce que tu dis n’est pas très intéressant. Parce que ce que j’ai aussi appris au collège et que l’on m’a répété au lycée c’est que le fait qu’il y ait des musulmans en France a à voir avec la colonisation. La colonisation française, c’est-à-dire l’oppression de peuples africains par le notre. Sachant cela, entendre aujourd’hui que dans notre grande bienveillance nous comptons, quand il nous en prendra l’envie, faire la démonstration que Islam et Démocratie sont compatibles, ce n’est vraiment pas très intéressant.


Cher Manuel Valls,  prendre les musulmans pour les éternels stagiaires de la République n’est pas précisément un acte d’autorité, plutôt un aveu d’ignorance. Les musulmans sont en France des millions comme dans tant d’autres pays, qui vivent, travaillent, payent leurs impôts, militent, soutiennent, contestent ou critiquent tout ou partie de ce que fait le gouvernement en place. Mais ils ont attendu que tu apparaisse pour que tu démontre enfin que Islam et Démocratie sont compatibles . Pourtant je ne suis pas persuadé qu’il faille appeler le Comité Nobel à chaque fois que tu découvre que la Terre tourne autour du soleil, qui plus est sans que tu y sois pour rien. Dans ton élan, peut être compte tu aussi démontrer que les femmes ont la capacité d’assumer l’exercice du pouvoir ( sauf si elles portent le voile et encore moins si elles s’appellent Taubira parce qu’il ne faut pas non plus déconner).

Cher Manuel Valls, en France aujourd’hui, en grande partie grâce aux 10 ans de Sarkozysme,les actes d'islamophobie ont considérablement augmenté. Cela signifie des insultes, des graffitis sur des lieux de cultes et mêmes des agressions contre des femmes voilées. Ceci en 2013. En France. Parce que la religion c'est mal Pendant ce temps tu compte offrir au  monde la démonstration que Islam et Démocratie sont compatibles. Dans ta grande générosité, j’espère que les musulmans pourront assister à ce grand numéro de Music-Hall sans bourse délier. L’essentiel étant que ceci te dispense de prononcer le terme d’ islamophobie. Parce que Caroline Fourest nous l’a bien expliqué le terme d’islamophobie est une invention des conservateurs iraniens pour interdire toute critique de l’islam. Et ce serait pure méchanceté que de demander s’il existe la trace d’une seule tribune de conservateurs iraniens sur ce thême et surtout pourquoi islamophobie n’existe pas en persan. Pendant ce temps tu réfléchis gravement sur tous ces lieux ou la laïcité, tel que tu l’entends c’est à dire sans femmes voilées, peut s’étendre : crêches, Université… Du moment que personne ne demande pourquoi le Concordat sévit encore en Alsace Moselle. La laïcité, il y a des lieux pour ça.

Cher Manuel Valls, notre pays compte des milllions de chômeurs, il est face à  des enjeux capitaux réindustrialisation, transition  énergétique, Démocratie à réinventer, parvenir à redonner du sens à la politique.  Pendant ce temps tu en es encore à faire comme si l’Islam devait prouver qu’il n’est pas incompatible avec la démocratie. Si tu généralisais autant envers le capitalisme que tu en as l’habitude envers l’Islam avec tous les plans de licenciements intervenus ces derniers mois tu serais aujourd’hui rendu à l'extrême gauche gauche de Arlette Laguiller. Fort heureusement tu as échappé à un si grand tourment.

Cher Manuel Valls, j’en suis à quelquefois m’étonner que personne ne te demande de démontrer que tes aspirations sont bien compatibles avec la Gauche. Ce serait sûrement fort intéressant.