Postulons la Marcela Iacub déjà évoquée choisissant parmi un infini des possibles le sujet de sa chronique hebdomadaire et arrêtant arbitrairement son choix sur la question du suicide au travail. Le suicide, quel travail !
Cet article en 891 mots, 6 paragraphes composé comme il lui est d'usage de phrases briquée pour s'y mirer. La phrase d'accroche tient de la science, même si je ne saurais bien démêler laquelle " Depuis quelques années, les conditions de travail provoqueraient des suicides ". Nous pouvons déjà constater que Marcela Iacub évoque un laps de temps confus et un postulat tout à fait hypothétique. Observons alors la phrase qui suit. " Les médias (Libération du 29 avril) ne cessent de souligner ce «phénomène nouveau» comme si les rapports de causalité entre le mal au travail et le suicide étaient évidents ". Je ne crois pas que Libération, en considérant notamment ses ventes, représente tout "les médias". Je ne saurais pourtant dire ce qui se dissimule derrière ce pluriel . Itélé, Alternatives Economiques, Mediapart, Actes de la recherche en science sociales, Suicide Magazine, le blog de ta grand mère ? Les "médias".
Il faudrait à vrai dire presque reprendre chaque phrase une par une et les contempler interdits. Iacub se penche sur ce sujet du suicide au travail comme qui se pâme. Iacub feint donc d'ignorer que qui fait le choix de se suicider sur son lieu de travail plutôt qu'ailleurs émet par la même un signal sur la motivation de son geste, pour ce que j'en sais. Passons ensemble sur le fait que Mme Iacub évoque le fait que les chômeurs comme les prisonniers se suicideraient moins que les travailleurs. Donne t'elle une seule statistique pour appuyer ses dires ? Se demande t'elle pourquoi certaines professions sont plus marquées que d'autres par le suicide, pourquoi tel ou tel pays ne l'est pas. Un "Selon les médias" lui suffit tandis qu'elle fait signe au garçon de bien vouloir lui remettre une prune. Marcela Iacub n'écrit même pas depuis sa classe, seulement depuis sa place au comptoir du poncif et du remettez nous çà.
Mais c'est que pour Mme Iacub il faudrait quand même voir à ce que chacun reste à sa place. Les revendications sur les conditions de travail ou les salaires doivent se faire sous la forme traditionnelle. Il ne saurait être question de tolérer le suicide comme mode revendicatif car il s'apparente à du "terrorisme". Le groupe Jan Palach fondé dans le plus grand secret par l'inter syndicale CFDT, Sud, CGT, CNT, CFTC, FO, CGC pourra t'il s'en remettre ? Je ne le sais ni.
Il y aurait encore bien des choses à écrire sur ce sujet. Soupeser chaque paragraphe pour saisir ce qui s'y
cache d'ignorance et de mépris. Mais pour tout te dire je t'avoue que devant cette tâche les bras m'en tombent.
Considérons, pour ce qui me concerne, que tous les postillons qui composent cet article de Marcela Iacub et qui ce soir nous occupèrent ne sauraient se confondre avec les sanglots que tant de fois des familles versèrent sur celui ou celles qui trop brutalement les quitta.
Récitons lui ensemble ces quelques vers d'un poète. Ils valent mieux que tout ce qui pourrait encore s'écrire
Petit Mort Pour rire
Va vite, léger peigneur de comètes
!Les herbes au vent seront tes cheveux
;De ton œil béant jailliront les feuxFollets,
prisonniers dans les pauvres têtes...
Les fleurs de tombeau qu’on nomme Amourettes
Foisonneront plein ton rire terreux...
Et les myosotis, ces fleurs d’oubliettes...
Ne fais pas le lourd : cercueils de poètes
Pour les croque-morts sont de simples jeux
,Boîtes à violon qui sonnent le creux
...Ils te croiront mort — Les bourgeois sont bêtes
—Va vite, léger peigneur de comètes !
Tristan Corbière
( Par ailleurs Chr Desjours a écrit des ouvrages sur le sujet de la souffrance au travail. Je te renvoie à cet entretien qui me parait apporter des pistes intéressantes sur ce sujet
http://petitlien.fr/6jnz )
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