samedi 28 décembre 2013

Des frétillements de l'âme d'un bibliophile

     Ces dernières semaines il a été questions dans les revues, les magazines ou les émissions de divers désagréments que rencontre un peu le monde de la librairie et aussi toute la faune qui gravite autour du Livre. C'était bien intéressant. J'en ai lu quelques uns, distraitement. Ca disait entre autre choses que le monde de la librairie traverse une crise mais qu'elle peut la surmonter si elle sait retrousser ses manches sur ses bras musclés pour inventer un nouveau modèle économique. Bon. Comme ça le raisonnement  a l'air de se tenir. Notez l'autre jour, pour voir j'ai dit " il faut un nouveau modèle économique pour les librairies ". Tout fort. Dans la queue à la boulangerie. Ben les gens m'ont regardé bizarre. Et arrivé à la caisse le boulanger m'a filé mon pain complet et mon Kouign Amman avec un regard genre faudrait voir à pas recommencer. donc bon. Surtout que la librairie dans mon patelin ils n'ont pas l'air de se poser tant de question. Juste un jour le patron m'a demandé s'il était bien le dernier Houellebecq que je lui avait acheté. Parce que pour son cousin, ben peut être.

         Ce que je sais aussi c'est que aujourd'hui alors que je me rendais dans un Bar librairie BD que j'affectionne à Vannes j'ai vu cette petite affiche


Ce que je sais aussi c'est que je vois la librairie l'Imaginaire à Lorient connaitre cette longue agonie. Cette librairie réputé avec ses rayons fournis ou l'on voit semaine après semaine, pièce après pièce, l'espace se restreindre et bientôt les vendeurs vous dire " nous sommes désolés. On  ne peut plus passer de commande " et que c'est pas glop.

Ce que je sait aussi  c'est que ce bouquiniste que j'affectionne particulièrement à Rennes, à côté du Parlement 

Je l'ai découvert à Rennes, jeune lycéen il y a près de 20 ans. A l'époque je fréquentais les bouquinistes surtout pour trouver des éditions d'occases pour tous ces classiques que les enseignants nous infligeaient. Dans cette boutique au début je demandais au patron s'il avait Tartuffe, Germinal ou tel autre pensum. Généralement il sortait l'ouvrage d'une pile et essuyait parfois la poussière qui s'y était déposé. Puis tu te prends au jeu. tu finis par t'aventurer dans la boutique. C'est à dire une grande pièce avec une immense table, garni d'innombrables étagères et autant de rayonnages au mur. Il m'a fallu des mois d'exploration dans cette pièce pour comprendre qu'elle était rangée suivant une méthode rigoureuse dont je posssède encore quelques rudiments.

Lorsque vous entrez sur votre droite vous devez avoir des romans noirs, en avancant un peu vous découvrez sur un présentoir des romans de poche essentiellement de la fiction, se répartissant entre Folio, livre de poche et Garnier Flammarion ( à l'usage je recommande plutôt pour les classiques le Garnier Flammarion, pour les notes). Sur votre gauche sur la table des ouvrages de sciences humaines. Avancons encore (mais je vous recommande de faire attention de ne pas faire s'effondrer des édifices livresques en les bousculant). Arrivé au bout de la pièce, tournez vous sur votre gauche ( la pièce à côté relève du privé, même après des années de fréquentation de cette boutique je n'y ai jamais mis les pieds. L'intimité) et penchez vous. Vous avez là des piles de l'Avant Scène et toute une variété d'ouvrages sur le théâtre et subséquemment des ouvrages sur le cinéma. Plus haut sur les étagères une quantité d'ouvrage sur l'histoire ou l'on pouvait trouver un ouvrage de la revue Esprit sur les militants chrétiens de gauche dans les années 70, l'autobiographie de Maurice Thorez Fils du peuple ou cet ouvrage de Jacques Marteaux sur l'église de france face à la révolution marxiste ( les vrais savent);  En continuant le tour de piste sur votre gauche vous aviez quelque part un rayon littérature russe qui fit mon bonheur, un rayon littérature bretonne fort sympathique.

C'est dans ce type de lieu que je découvrit des ouvrages aussi indispensable à tout honnête homme que " La surcharge sexuelle de la psyché comme source d'inspiration artistique" ou un "manuel du soldat suisse". J'ai aussi avec un frétillement de l'âme découvert sous une pile de livres l'ouvrage de Gordon Craig " l'art du Théâtre " datant de 1943.


 Pour te dire le jour ou j'ai rencontré Peter Brook et que j'ai cité l'ouvrage il m'a regardé en levant le sourcil " Mais vous l'avez trouvé où ? " . Frétillement de l'âme te dis je.

Il se trouve que ce M a choisit après 30 et quelques années de fermer boutique. Pendant les 6 mois qui vont suivre il brade. Il y a des affaires à faire.  J'ai discuté, un peu. Visiblement les affaires ne sont plus ce qu'elles étaient. Son commerce périclite. Les clients qui ne viennent plus. Les étudiants qui ne viennent pas.Il est d'usage d'incriminer ce goût qu'a chaque époque de ne pas ressembler à celle qui lui a précédé. Mais il se trouve que par hasard j'ai croisé il y a quelques temps un autre bouquiniste que je connais aussi un peu. Entre autre choses on a discuté de celui ci. Il était au courant de son départ prochain à la retraite, m'a dit combien ceci le chagrinait aussi. Il avait vu aussi combien malheureusement celui ci, qui lui avait presque appris le métier au début avait manqué l'évolution de son métier. Il ne vends aucune bande dessinée, ne s'est jamais mis aux livres d'art et encore moins l'ésotérique. aujourd'hui les bouquinistes savent se diversifier et vont même consulter tel ou tel site sur Internet pour déterminer le prix auquel ils vont vendre un livre. Les seuls cotes que pouvait avoir Francois Corre c'est de vous glisser en confidence que les Thibault, les gens ne les achetaient plus ( c'était avant le mauvais téléfilm avec Jean Yanne) et que donc il n'en vendait pas, à son grand regret . Maintenant il se désole de voir doucement tout ceci disparaitre et de ne pas trop savoir ce
qu'il va bien pouvoir faire de sa retraite, rentré dans le Finistère.


Voilà. Tout ceci pour dire mon infini reconnaissance à ce bouquiniste, pour tous ces frétillements de l'âme que parfois le simple fouiner dans sa boutique m'a procuré. J'espère encore que quelque soit les modèles économiques que les bouquinistes ou les librairies se choisissent ou se voit imposer ceci sera encore possible.

mardi 5 novembre 2013

sur la route de Kemper

Sur la route de Kemper,

Chère Camille,.  Je suis morbihannais, ouvrier depuis plusieurs années déjà et par ailleurs j'ai fait le choix de Quitter le Parti  il y a de cela quelques semaines lassé que les rodomontades vallsiennnes dissimulent les reculades de Hollande.

Je ne viens pas ici défendre les écologistes. Ils se défendent bien assez tout seul. Je ne viens pas parler de Mélenchon. Il s'enfonce bien assez tout seul.

C'est plutôt ta défense des patrons qui m'a interpellé. Tu écris que " ce sont les « patrons voyous qui ont plongé la Bretagne dans le lisier » comme on me l’a fait remarquer, mais pourquoi ont-ils fait cela ? Qui leur a fait croire que ce système productiviste était l’avenir ?"  Ben tu vois j'ai relu ta phrase plusieurs fois depuis hier soir , j'y réfléchis encore en écrivant ces lignes et je reste encore pantois. Mais si c'était le cas je recommanderais chaleureusement à ces êtres sensibles d'abandonner leur entreprise au main des salariés par le biais d'une SCOP. Hamon a bien bossé sur ce sujet et les salariés ne feront pas pire que ce qu'on a déjà vu.Veux tu vraiment nous faire croire qu'un patron comme Charles Doux, 145 e fortune de France depuis ^plusieurs années a choisi de construire un groupe industriel d'un fort beau gabarit seulement abusé par je ne sais quel gourou alors que lui ce dont il rêvait c'était de fonder un phalanstère avec ses potes ? Veux tu passer sous silence le fait que Charles Doux a réussi à duper ses salariés en les licenciant, ses éleveurs payés à plus de 130 jours, ses consommateurs avec ces poulets fourgués comme halal alors qu'il ne l'était pas et ces primes accordés aux dirigeants alors que le groupe était déjà dans le rouge et ces pouvoirs publics placé devant le fait accompli lors du plan social . A tu vu une fois le Medef se désolidariser ?  Veux tu vraiment nous faire avaler comme si nous étions des adhérents de l'UMP que les patrons du Medef seraient les premières victimes de la crise ?  Veux tu ignorer toutes les luttes sociales menées de haute lutte dans ces usines depuis des années pour obtenir de meilleures conditions de travail, de meilleures salaires ou bien parfois simplement pour sauver des emplois en danger ? Veux tu ignorer le fait que bien souvent, trop souvent il n'y avait même plus ces luttes, même plus ces grève juste de la résignation qui s'abat comme des briques sur les têtes  parce que tout était perdu ? J'ai travaillé chez Doux à Locminé. Il m'en reste encore de la colère, des poings qui se serrent et la certitude absolue que ceux qui ont décidé de cette fermeture n'ont pas les mêmes intérêts que moi, même s'ils prennent en souriant les flyers de l'UDB ou du NPA. J'ai contemplé avec stupéfaction la résurgence de la revendication des primes à la restitution. Ces primes à l'export étaient sur la sellette depuis au moins le début du XXIe siècle et avaient même été évoqué lors du Cycle de Doha. Ce sont ces primes à l'export qui ont en grande partie destabilisés l'agriculture vivrière dans des pays comme le sénégal parce que les poulets de l'UE étaient vendus bien moins cher que les poulets locaux. Une rente de situation pour l'industrie agro alimentaire. Tous les syndicats de l'agro alertaient depuis des années sur la disparition programmée de cette aide. Que croyez vous que fit le patronat ? Il vient encore de mobiliser ses salariés pour récupérer sa rente en assurant qu'il n'a pas eu le temps de se préparer. Mais par contre ce sont les bureaucrates parisiens qui ne comprennent pas les réalités. Tu ne t'es pas demandé si derrière ce vocable de "bureaucrate parisien" dans la bouche de ces bien aimables patrons il ne fallait pas entendre " inspecteurs du travail " ou " service hygiène " ?
Les vies d'ouvriers pour de tels gens sont de simples jeux.



Pour ce qui est de la FNSEA et de son aptitude admirable à socialiser les pertes et privatiser les bénéfices il suffit d'entendre Thierry Merret qui lui aussi réclamait la fin des réglementations tatillonnes ( qu'on arrête de prêter attention à la qualité de l'eau en Bretagne pour le dire plus clairement) retour aux primes à l'exportation. C'est que l'on a à la FNSEA un discours aux médias  pour dénoncer les ronds de cuirs de l'administration et en pratique un goût pour la rente et une sainte horreur de toute avancée vers la transition écologique qui remettrait en cause leur modèle.
Parce que oui j'assume sans le moindre problème le fait que la Bretagne va bien devoir y passer elle aussi à la transition écologique et que la taxation des transports ne me paraissait pas la plus mauvaise solution. Ce n'est pas l'écotaxe qui est responsable des milliers d'emplois perdus dans l'agro-alimentaire. C'est un modèle économique épuisé. Parce qu'il ne profite à de moins en moins de monde. Nous devrions saisir cette occasion pour refonder le modèle économique breton. Au lieu de cela c'est Troadec qui ira à Matignon demain au côté du Medef et de Thierry Merret pour la FNSEA. Je vais te faire une confidence. Il n'est pas sûr qu'ils discutent sur la base des flyers de Breizhistance que tu as distribué avec tant d'ardeur. Mais puisque tu t'es si bien entendu avec ces patrons, tu ne devrais pas être trop déçu.
Je suis par ailleurs prêt à souscrire à toute les demandes d'éclaircissement sur le dossier de Ecomouv. Je souhaite qu'une commission d'enquête parlementaire mette tout le dossier sur la table. Mais je ne confonds pas le principe d'une taxe et la façon dont celle ci est mise en oeuvre.

Enfin j'aurais aimé que tu ne paraisse pas réserver pas tous tes coups à la gauche au point d'ignorer que Marc Le Fur qui figurait lui aussi dans la même manifestation que Philippe Poutou, une rencontre qui sur Chatroulette aurait paru improbable, a bien voté l' écotaxe.
Enfin sur le Parti Socialiste. Le fait qu'il se soit fait dérober, en Bretagne, la revendication historique de la décentralisation représente quelque chose. Un  peu comme si on s'était fait voler la  Loire Atlantique, imposer un aéroport ou piquer le Mont Saint Michel.  Mais il faut bien dire aussi que is les bonnets rouges avaient un peu d'élégance ils remercieraient publiquement Pierre Moscovici qui avec son expression de " ras le bol fiscal " a fait plus pour leur préparer le terrain que 10 000 000 de flyers. Mais il parait que nous avons eu une réforme fiscale. On va voir encore des Bruno Le Roux ou des Stéphane Le Foll qui veulent faire passer pour du courage d'aller à Bruxelles proposer de surseoir à l'écotaxe et revenir à la prime à la restitution. Ceux qui nous expliquaient qu'il n'y avait pas d'alternative à leur réforme courageuse des retraites. Les poulets que j'emballe tous les jours à l'usine valent bien mieux que ce courage là.

Mais je te le dis Camille, pour ce qui est du mépris porté au prolétariat, c'est bien toi qui ici te distingue. Je ne te jette pas tant la pierre que cela. J'ai cru longtemps au discours du Bourget. Comme quoi.

Mais ce dont a besoin la Bretagne ce n'est pas que ceux qui l'ont mené à cet échec refassent payer leur échec à tout le monde. Elle a besoin de politique, de débat, de responsabilité. tous les débats doivent être ouverts, sur la décentralisation, la transition écologique .

 Tant qu'à faire de conclure je voudrais encore citer Tristan Corbière et l'un de mes vers préférés dédié à cette Bretagne des conquêtes sociales " Ils te croiront morts, les bourgeois sont bêtes ".


samedi 5 octobre 2013

Quitter le Parti



Quand j’ai adhéré au Parti, il y a de cela près de 18 ans je n’avais pas, dans le souvenir qu’il m’en reste, l’idée d’aller faire, comme nous y invite Mr Manuel Valls, Ministre de l’Intérieur et ses deux matraques, humanité et responsabilité, la chasse aux miséreux.

Lors du débat du Congrès de Toulouse revenait comme un refrain, ou un running gag c’est selon, cette figure imposée «  ce congrès se fait sous le regard des médias. Nous devons apporter notre soutien à la majorité car son score sera commenté comme un soutien à François Hollande. Rappelons-nous que nous sommes un Parti de gouvernement  ». Les figures imposées en politique ont ceci de plaisant qu’elles contiennent thèse et antithèse. La minorité rétorqua donc, comme de bien entendu, qu’il était assez farce qu’après que Hollande ait rassemblé autant d’électeurs lors de la primaire et une majorité de français lors de l’élection présidentielle on puisse le réduire à tel ou tel courant, même majoritaire, du Parti Socialiste. Par ailleurs le Parti, premier de France en termes d’élus, comptant près de deux cent mille adhérents ne saurait se réduire à l’activité de ses ministres. Parti de gouvernement, Parti d’élus, Parti de militants, il doit être tout cela à la fois. Le pouvoir n’est qu’une fin au service de la Transformation Sociale. Notre mission devra être de continuer à agir, débattre et nous exprimer lorsque le besoin s’en fait sentir. Nous n’en sommes plus au temps du Front Républicain lorsqu’en 1957 le siège de la Rue Malesherbes affichait cet écriteau « Fermé. Pour cause de pouvoir » Fermez le ban.
Le Parti va avoir aujourd’hui un Forum sur la lutte contre les extrémismes. Je serais Harlem Désir, et je vous assure dire ceci avec le plus grand sérieux, je dirais qu’on peut bien faire l’économie de ce type de rituel et se contenter de demander à Valls des comptes, rapport de Amnesty International ou communiqués des associations anti racistes ( MRAP, sos Racisme) ou celle de ce collectif à l’appui. Tant qu’à faire on pourrait aussi s’excuser de quelques accusations portées contre mélenchon lors du congrès de Bordeaux du Parti de Gauche. En ce temps-là, nous avions tous l’accusation de xénophobie bien facile. Il faut croire que le goût nous en est passé. Il faut dire que quand on entend les propos de ceux qui s'engouffrent dans la brèche vallsienne, on en est à espérer ne pas encore se prendre de plainte pour propos stigmatisants. Le Parti socialiste en est pourtant encore à inviter Caroline Fourest, pour parler de lutte contre les extrémismes. Pauvre Harlem Désir, son rôle n’est pas facile. Du temps de Lionel Jospin à Matignon au moins la feuille de route du Parti était établie. 35 H, emplois Jeunes, réduction du cumul des mandats... Aujourd’hui la ligne du hollandisme tient dans ces propos du président rapportés par une journaliste de l’Agence France Presse



https://twitter.com/cdelpuech/status/383489194426765312
 Entre tenir une ligne et jongler entre des balles qui sont parfois réelles, convenons que la mission n’est pas aisée.
Alors ensuite s’étonner que le Parti n’ait pas daigné s’exprimer publiquement sur les propos de l’incarnation parfaite de la synthèse de Clémenceau-Blum-Mendès-Rocard-Jospin et de tous les mannequins homme de Zara comment veux-tu, comment veux-tu…

Pourtant au gouvernement existe officiellement une ligne, exprimée par une  rédigée par les services de Matignon avec le concours de tous les ministères concernés. Elle a été signée par tous les ministrescirculaire du 26 août , ou peut s’en faut. Dont le ministre de l’intérieur, dont Duflot. Je défie quiconque d’y trouver de quoi justifier les propos du meilleur ministre de l’UMP sur le fait  que les Rroms n’auraient pas vocation à rester en France et que leur mode de vie différerait trop du notre. Ce qui semble nous amener à une conclusion logique. Mr le ministre des sondages foule au pied ses propres engagements, sa signature au bas d’un texte officiel. Met le feu à la plaine, par démagogie. Dit en somme que l’école républicaine n’est plus capable d’intégrer des enfants. Nous sommes menacés, pauvre de nous,  par 20 000 Rroms.  Nous construisons l’Europe disait la chanson. Qui avons-nous vu cette semaine pour simplement rappeler ce qui ne tient même pas des engagements mais des fondamentaux ? Cécile Duflot faisant le boulot de Jean Marc Ayrault, et Benoit Hamon. «  La République vous rattrapera »   disait Hollande. Le conseiller municipal d’Evry doit courir bien vite. «  Il faut agiter le peuple, disait Talleyrand, avant de s’en servir ».

Je vois dans les discussions entre militants, entre élus auquel j’assiste ou ce que je peux entrevoir sur les Internet la petite musique de fond qui se joue. Nous n’avons plus tant le choix. Les municipales s’annoncent catastrophique. Nous avons besoin de Valls pour sauver ce qui peut l’être, les sondages sont formels. Je vous fiche mes 18 ans d’expérience politique que ceci est une connerie monumentale. Les quelques personnes de droite qui aujourd’hui approuvent le ministre de l’Autorité retourneront sagement à la maison au moment de l’élection. Tandis que les personnes de gauche feront le bilan sur l’essentiel, l’emploi, le pouvoir d’achat. Je déteste cette façon qu’ont beaucoup de ceux qui annoncent leur départ du Parti de conter ce qui est en somme leur échec sous l’air de qui en attends des médailles. Parce que l’histoire politique de tout çà c’est qu’on a grave merdé, camarade, échoué perdu. On quitte le terrain parce qu’il n’y a même plus de bataille. Le réel, c’est quand on se cogne disait Lacan. Je ne me souviens plus depuis combien de temps il y eu choc au point que çà produise quelque chose. Parce que sur ce sujet il n’y a pas eu de bataille. Mr 5 et quelques pour cent lors de la primaire, qui nous parle tant de courage n’a jamais eu celui de soumettre ses vues sur ce sujet lors d’un congrès du Parti et s’est bien gardé d’exprimer le fond de sa pensée lors de la primaire. Il s’est contenté de ces déclarations face caméra sur l’air de la modernité. On peut encore les reprendre. Je vous recommande alors un exercice fort amusant, remplacer à chaque fois le terme de «  moderne » par celui de glamour ». Les deux collent tout autant à son propos. Mal nommer les choses, disait Camus, c'est ajouter à la misère du monde.

Un camarade me disait lorsque j’ai annoncé mon désir de rendre ma carte que « Lorsque les dégoûtés s’en vont, il ne reste plus alors que les dégoûtants ».  Nous en sommes bien là. Le plus drôle c’est que je quitte le Parti Socialiste au nom de ce que j’y ai appris. J’étais un niaiseux de 20 ans dont la culture politique se résumait à fort peu de choses lorsque j’ai pris ma carte. D’avoir milité, débattu, trébuché, écouté, répété quantité de fois qu’il ne faut pas tant médire du militantisme, car il nous offre des déceptions que rien d’autre ne procure, m’a donné des fondamentaux. Il suffit ensuite d’en tirer des conclusions. Je pars donc avec la conscience d'une dette envers une belle et bonne part de ceux que j’y ai côtoyé. Comme dirait Serge, l’exercice a été profitable, Monsieur.



jeudi 5 septembre 2013

Appel citoyen contre l'incitation au viol sur Internet


 

Je publie ici une Tribune rédigée par un collectif féministe constitué de blogueuses, blogueurs, militant



Incitation au viol sur un site de coaching en séduction


Nous, militantes féministes et citoyennes, avons récemment dénoncé un site de coaching en « séduction » appelé Seduction By Kamal (1) comme incitant au viol.
Seduction By Kamal est un site d'apprentissage des techniques de « pick up artist », à savoir « artiste de la drague ». Il s'agit de techniques de « drague » et de conseils en matière de sexualité. Le site est gérée par la société SBK Coaching, et génère du profit grâce à la vente de livres numériques (« e-books »).
L'indignation s'est focalisée sur un article violent en accès libre et gratuit. Intitulé « Comment Bien Baiser : les 3 Secrets du Hard SEXE » (2), il nous apparait en réalité comme une incitation au viol, particulièrement toxique en raison de l'aspect éducatif du site.
Nous estimons que les propos sont explicites : pour bien « baiser », l’important est de ne pas tenir compte du consentement de sa « partenaire ». Une capture d'écran est conservée ici. Les extraits les plus choquants sont cités ci-dessous, dans la lettre au Procureur, ainsi que chez la blogueuse Diké (3).
Cet article a été écrit par Jean-Baptiste Marsille, rédacteur web, auto-entrepreneur et écrivain (4). Le directeur de publication du site se fait appeler Kamal (5).
Il ne s’agit pas d’un petit blog isolé. D'après son créateur, ce site reçoit 20 000 visiteurs par jours, le chiffre d’affaire de la société « SBK Coaching» est de l’ordre de 10 000 euros par mois (6). Sa page Facebook est suivie (« likée ») par près de 17 000 personnes. Nous notons aussi que les frais de fonctionnement du site semblent peu élevés, compte-tenu des avantages fiscaux de la Pologne par rapport à la France (7), et du caractère dématérialisé des publications électroniques vendues.
Malgré de multiples sollicitations depuis octobre 2012, Kamal n’a jamais réagi. L’article était toujours en ligne à l'heure où nous écrivons cette lettre.

Depuis 2012, cet article a également été signalé en vain au Ministère de l'Intérieur (www.internet-signalement.gouv.fr). Pourquoi la loi n’est-elle pas appliquée ? Est-ce un problème managérial (manque de moyens pour traiter tous les signalements) ou un problème culturel (mauvaise formation et sensibilisation des agents du Ministère à la misogynie en ligne et à la culture du viol) ?

Nous joignons donc à cette tribune une plainte au Procureur de la République concernant le délit d'incitation au viol en ligne sur la page signalée.

Appel aux autorités et aux acteurs du web : stopper la misogynie en ligne


Ceci dit, notre objectif n’est pas de nous focaliser sur ce seul type de site Internet à la marge, mais sur l'ensemble de la misogynie globalement répandue sur l'espace Internet, et trop tolérée.
De nombreux agresseurs et leurs complices se sentent autorisés, en toute impunité, à exhiber sur Internet leurs infractions misogynes (viol, agression, non-assistance à personne en danger, recel de médias à caractère pédo-criminel...). Leurs victimes sont réduites au silence ou humiliées à l'échelle planétaire, subissant la reproduction perpétuelle de leurs agressions sur les réseaux sociaux.
Comment les Internautes peuvent-ils encourager un tel laxisme envers des criminels, et une telle sévérité envers les victimes ? Certainement à cause d'un amalgame toxique entre sexualité et violence érotisée (culture du viol) combinée à une mauvaise appréciation du sexisme sur Internet, perçu à tort comme “virtuel”. 
Or le sexisme en ligne n'a rien de virtuel : le harcèlement subi par des personnalités connues comme par des adolescentes anonymes (ou qui auraient voulu le rester), le racolage des mineures par les pédo-criminels ou les proxénètes, l'omniprésence des images de femmes hypersexualisées et objectivées, dans les contenus personnels, journalistiques, culturels et commerciaux – clichés parfois pris à l'insu du sujet, l'humour sexiste qui alimente la tolérance envers le sexisme, les discours vindicatifs, stéréotypés et dégradants à l'égard des femmes, tout ceci est bien réel.
Ailleurs, sur le web anglophone notamment, des voix se sont élevées pour exposer l'ampleur de la misogynie sur Internet, et exiger des actions concrètes pour y mettre fin. Ainsi la campagne #FBRape a permis un début de dialogue avec Facebook, dans le but d'améliorer les systèmes d'identification et de modération des discours de haine misogyne (8).

Côté français, l'incitation à haine, à la discrimination ou à la violence est interdite par la Loi sur la liberté de la presse, article 24 (9). Nous exigeons que l’alinéa 7 soit appliqué, à savoir que l’incitation à la violence en raison du sexe, de l’orientation sexuelle ou du handicap soit réellement pénalisée.
Nous demandons également une modification de l’alinéa 6 de cette même loi (concernant l'incitation à la discrimination et à la haine) pour qu'il soit étendu au sexisme. Actuellement seules sont concernées les discriminations et la haine motivées par des raisons ethniques, raciales ou religieuses.
Enfin, nous appelons les pouvoirs publics à mettre en place une plateforme dédiée au signalement de sites misogynes, à la sensibilisation des acteurs du web sur le sujet, et à l'accompagnement des victimes de discrimination, de haine ou de violences misogynes sur Internet.

Nous appelons également les entreprises du web ou présentes sur Internet à mettre en place des pratiques éthiques pour lutter contre le sexisme sur Internet, en coopération avec la société civile.

Collectif féministe et citoyen

Plainte au Procureur


Paris, le 05/09/2013
Lettre R.A.R.
Monsieur le Procureur de la République,
Nous, citoyennes, tenons par la présente à vous signaler les faits délictueux visés par l’article 24 de la Loi sur la Liberté de la Presse qui punit de "cinq ans d’emprisonnement et de 45 000 euros d’amende ceux qui (…) auront directement provoqué, dans le cas où cette provocation n’aurait pas été suivie d’effet, à commettre l’une des infractions suivantes : les atteintes volontaires à la vie, les atteintes volontaires à l’intégrité de la personne et les agressions sexuelles définies par le livre II du code pénal".
Sur le site Seduction By Kamal, cette page (URL : www.seductionbykamal.com/comment-bien-baiser - captures d’écran ci-joint) intitulée "Comment Bien Baiser : les 3 Secrets du Hard SEXE" constitue une apologie du viol et une incitation à la violence contre les femmes. Quelques extraits explicites :
·      "Montrez-lui qu’elle n’a pas vraiment le choix"
·      "Attaquez sa poitrine"
·      "créer rapidement une image du mec qui sait ce qu’il veut et qui l’obtient quand il veut".
·      "vous décidez [...] tout est entre vos mains (ou vos cuisses devrais-je dire)"
·      "perdre tout contrôle de la situation est un "turn on" majeur pour les femmes".
·      "appliquez-vous à aller en profondeur et à ne stopper la cadence que quand VOUS le décidez ! Elle se plaint ? Pas pour longtemps ! C’est un phénomène naturel de rejet de l’autorité, mais une fois cette barrière franchie, elle s’abandonnera à vous et vous demandera de la défoncer [...] c’est ça en fait la véritable notion du fameux "BIEN BAISER".
·      "Imposez votre puissance".
·      "Donnez des ordres et soyez inflexible. Ne lui demandez pas gentiment si, éventuellement, vous pourriez avoir une fellation et éjaculer dans sa bouche… La décision est prise, retirez-vous et faites la descendre vers votre sexe afin d’affirmer votre posture."
·      "Si seulement vous saviez combien de femmes rêvent de se faire démonter par un inconnu au chibre géant".
·      "Cette méthode est relativement efficace quand on rencontre une inconnue qui nous ramène chez elle. Si elle en arrive là, c’est sans doute parce qu’au fond, ce qu’elle veut, c’est tirer un coup."
·      "Ne lui demandez pas si vous pouvez la pénétrer comme un animal sauvage, faites-le !"
·      "il vous suffit [...] de laisser parler vos envies, sans vous restreindre. Prenez le contrôle du rapport sexuel et pensez que votre masculinité passe par des coups de boutoir infligés."
·      "ne vous refusez rien".
Nous avons signalé ce lien à internet.signalement.gouv.fr sans aucune conséquence concrète.
La présente faisant valoir ce que de droit.
Copie à
- Monsieur Manuel Valls, Ministre de l'Intérieur
- Madame Vallaud-Belkacem, Ministre des Droits des femmes,
- Madame Christiane Taubira, Garde des Sceaux, Ministre de la Justice
- Haut Conseil à l'Egalité entre les Femmes et les Hommes
- Observatoire des Inégalités
- Le Monde
- Le Figaro
- Médiapart
- Rue 89
- Libération
- Les Nouvelles News
- Slate
- Fédération Nationale Solidarité Femmes
- Signalement publié sur internet par une dizaine de blogs

le 05/09/2013




Sources et liens cités dans l'appel :