Quand j’ai adhéré au Parti,
il y a de cela près de 18 ans je n’avais pas, dans le souvenir qu’il m’en
reste, l’idée d’aller faire, comme nous y invite Mr Manuel Valls, Ministre de
l’Intérieur et ses deux matraques, humanité et responsabilité, la chasse aux
miséreux.
Lors du débat du Congrès de
Toulouse revenait comme un refrain, ou un running gag c’est selon, cette figure
imposée « ce congrès se fait sous le regard des médias. Nous devons
apporter notre soutien à la majorité car son score sera commenté comme un
soutien à François Hollande. Rappelons-nous que nous sommes un Parti de
gouvernement ». Les figures imposées en politique ont ceci de plaisant
qu’elles contiennent thèse et antithèse. La minorité rétorqua donc, comme de
bien entendu, qu’il était assez farce qu’après que Hollande ait rassemblé
autant d’électeurs lors de la primaire et une majorité de français lors de
l’élection présidentielle on puisse le réduire à tel ou tel courant, même
majoritaire, du Parti Socialiste. Par ailleurs le Parti, premier de France en
termes d’élus, comptant près de deux cent mille adhérents ne saurait se réduire
à l’activité de ses ministres. Parti de gouvernement, Parti d’élus, Parti de
militants, il doit être tout cela à la fois. Le pouvoir n’est qu’une fin au
service de la Transformation Sociale. Notre mission devra être de continuer à
agir, débattre et nous exprimer lorsque le besoin s’en fait sentir. Nous n’en
sommes plus au temps du Front Républicain lorsqu’en 1957 le siège de la Rue
Malesherbes affichait cet écriteau « Fermé. Pour cause de pouvoir » Fermez
le ban.
Le Parti va avoir aujourd’hui
un Forum sur la lutte contre les extrémismes. Je serais Harlem Désir, et je
vous assure dire ceci avec le plus grand sérieux, je dirais qu’on peut bien
faire l’économie de ce type de rituel et se contenter de demander à Valls des
comptes, rapport de Amnesty International ou communiqués des associations anti
racistes ( MRAP, sos Racisme) ou celle de ce collectif à l’appui. Tant qu’à
faire on pourrait aussi s’excuser de quelques accusations portées contre mélenchon
lors du congrès de Bordeaux du Parti de Gauche. En ce temps-là, nous avions
tous l’accusation de xénophobie bien facile. Il faut croire que le goût nous en
est passé. Il faut dire que quand on entend les propos de ceux qui s'engouffrent dans la brèche vallsienne, on en est à espérer ne pas encore se
prendre de plainte pour propos stigmatisants. Le Parti socialiste en est pourtant
encore à inviter Caroline Fourest, pour parler de lutte contre les extrémismes.
Pauvre Harlem Désir, son rôle n’est pas facile. Du temps de Lionel Jospin à
Matignon au moins la feuille de route du Parti était établie. 35 H, emplois
Jeunes, réduction du cumul des mandats... Aujourd’hui la ligne du hollandisme
tient dans ces propos du président rapportés par une journaliste de l’Agence
France Presse
https://twitter.com/cdelpuech/status/383489194426765312
Entre tenir une ligne et jongler
entre des balles qui sont parfois réelles, convenons que la mission n’est pas
aisée.
Alors ensuite s’étonner que
le Parti n’ait pas daigné s’exprimer publiquement sur les propos de
l’incarnation parfaite de la synthèse de Clémenceau-Blum-Mendès-Rocard-Jospin
et de tous les mannequins homme de Zara comment veux-tu, comment veux-tu…
Pourtant au gouvernement
existe officiellement une ligne, exprimée par une rédigée par les
services de Matignon avec le concours de tous les ministères concernés. Elle a
été signée par tous les ministrescirculaire du 26 août , ou peut s’en faut. Dont le ministre de
l’intérieur, dont Duflot. Je défie quiconque d’y trouver de quoi justifier les
propos du meilleur ministre de l’UMP sur le fait que les Rroms n’auraient pas vocation à
rester en France et que leur mode de vie différerait trop du notre. Ce qui
semble nous amener à une conclusion logique. Mr le ministre des sondages foule
au pied ses propres engagements, sa signature au bas d’un texte officiel. Met
le feu à la plaine, par démagogie. Dit en somme que l’école républicaine n’est
plus capable d’intégrer des enfants. Nous sommes menacés, pauvre de nous, par 20 000 Rroms. Nous construisons l’Europe disait la chanson.
Qui avons-nous vu cette semaine pour simplement rappeler ce qui ne tient même
pas des engagements mais des fondamentaux ? Cécile Duflot faisant le
boulot de Jean Marc Ayrault, et Benoit Hamon. « La République vous
rattrapera » disait Hollande. Le conseiller municipal d’Evry doit
courir bien vite. « Il faut agiter le peuple, disait Talleyrand, avant de
s’en servir ».
Je vois dans les discussions
entre militants, entre élus auquel j’assiste ou ce que je peux entrevoir sur
les Internet la petite musique de fond qui se joue. Nous n’avons plus tant le
choix. Les municipales s’annoncent catastrophique. Nous avons besoin de Valls
pour sauver ce qui peut l’être, les sondages sont formels. Je vous fiche mes 18
ans d’expérience politique que ceci est une connerie monumentale. Les quelques
personnes de droite qui aujourd’hui approuvent le ministre de l’Autorité retourneront
sagement à la maison au moment de l’élection. Tandis que les personnes de
gauche feront le bilan sur l’essentiel, l’emploi, le pouvoir d’achat. Je
déteste cette façon qu’ont beaucoup de ceux qui annoncent leur départ du Parti
de conter ce qui est en somme leur échec sous l’air de qui en attends des
médailles. Parce que l’histoire politique de tout çà c’est qu’on a grave merdé,
camarade, échoué perdu. On quitte le terrain parce qu’il n’y a même plus de
bataille. Le réel, c’est quand on se cogne disait Lacan. Je ne me souviens plus
depuis combien de temps il y eu choc au point que çà produise quelque chose.
Parce que sur ce sujet il n’y a pas eu de bataille. Mr 5 et quelques pour cent
lors de la primaire, qui nous parle tant de courage n’a jamais eu celui de
soumettre ses vues sur ce sujet lors d’un congrès du Parti et s’est bien gardé
d’exprimer le fond de sa pensée lors de la primaire. Il s’est contenté de ces
déclarations face caméra sur l’air de la modernité. On peut encore les
reprendre. Je vous recommande alors un exercice fort amusant, remplacer à
chaque fois le terme de « moderne » par celui de glamour ». Les
deux collent tout autant à son propos. Mal nommer les choses, disait Camus, c'est ajouter à la misère du monde.
Un camarade me disait lorsque
j’ai annoncé mon désir de rendre ma carte que « Lorsque les dégoûtés s’en
vont, il ne reste plus alors que les dégoûtants ». Nous en sommes bien là. Le plus drôle c’est
que je quitte le Parti Socialiste au nom de ce que j’y ai appris. J’étais un
niaiseux de 20 ans dont la culture politique se résumait à fort peu de choses
lorsque j’ai pris ma carte. D’avoir milité, débattu, trébuché, écouté, répété
quantité de fois qu’il ne faut pas tant médire du militantisme, car il nous
offre des déceptions que rien d’autre ne procure, m’a donné des fondamentaux.
Il suffit ensuite d’en tirer des conclusions. Je pars donc avec la conscience d'une dette
envers une belle et bonne part de ceux que j’y ai côtoyé. Comme dirait Serge,
l’exercice a été profitable, Monsieur.
dommage, après avoir mené et perdu nombres de batailles tu t'en vas et tu nous laisses a l'aube de la plus importante celle des valeurs.
RépondreSupprimerSi j'ai, comme tu dis, perdu toutes ces batailles je ne suis peut être pas le plus indiqué pour les gagner.
SupprimerJe pense que tu a raison. On peut pas lutter contre un système en en faisant partie.
RépondreSupprimerVotre article est malheureusement plein de vérité sur l'état du parti.
RépondreSupprimerMerci pour cet article.
Vos propos me rappellent ceux d'une partie de ma famille au début des années 90 au sein du PCF. J'ai cru comprendre à l'époque tout ce que cela entraînait comme affect. Je me souviens de quelques larmes perlées sur le bord de leurs joues.
RépondreSupprimerJe ne suis pas sur que vous ayez perdu ces batailles, le simple fait que vous soyez restés vous mêmes est en soi une victoire. Peut-être le temps d'un repos mérité se présente-t-il à vous. Il sera toujours temps de revenir ailleurs, autrement, lorsque vous vous en sentirez le courage ?