samedi 5 octobre 2013

Quitter le Parti



Quand j’ai adhéré au Parti, il y a de cela près de 18 ans je n’avais pas, dans le souvenir qu’il m’en reste, l’idée d’aller faire, comme nous y invite Mr Manuel Valls, Ministre de l’Intérieur et ses deux matraques, humanité et responsabilité, la chasse aux miséreux.

Lors du débat du Congrès de Toulouse revenait comme un refrain, ou un running gag c’est selon, cette figure imposée «  ce congrès se fait sous le regard des médias. Nous devons apporter notre soutien à la majorité car son score sera commenté comme un soutien à François Hollande. Rappelons-nous que nous sommes un Parti de gouvernement  ». Les figures imposées en politique ont ceci de plaisant qu’elles contiennent thèse et antithèse. La minorité rétorqua donc, comme de bien entendu, qu’il était assez farce qu’après que Hollande ait rassemblé autant d’électeurs lors de la primaire et une majorité de français lors de l’élection présidentielle on puisse le réduire à tel ou tel courant, même majoritaire, du Parti Socialiste. Par ailleurs le Parti, premier de France en termes d’élus, comptant près de deux cent mille adhérents ne saurait se réduire à l’activité de ses ministres. Parti de gouvernement, Parti d’élus, Parti de militants, il doit être tout cela à la fois. Le pouvoir n’est qu’une fin au service de la Transformation Sociale. Notre mission devra être de continuer à agir, débattre et nous exprimer lorsque le besoin s’en fait sentir. Nous n’en sommes plus au temps du Front Républicain lorsqu’en 1957 le siège de la Rue Malesherbes affichait cet écriteau « Fermé. Pour cause de pouvoir » Fermez le ban.
Le Parti va avoir aujourd’hui un Forum sur la lutte contre les extrémismes. Je serais Harlem Désir, et je vous assure dire ceci avec le plus grand sérieux, je dirais qu’on peut bien faire l’économie de ce type de rituel et se contenter de demander à Valls des comptes, rapport de Amnesty International ou communiqués des associations anti racistes ( MRAP, sos Racisme) ou celle de ce collectif à l’appui. Tant qu’à faire on pourrait aussi s’excuser de quelques accusations portées contre mélenchon lors du congrès de Bordeaux du Parti de Gauche. En ce temps-là, nous avions tous l’accusation de xénophobie bien facile. Il faut croire que le goût nous en est passé. Il faut dire que quand on entend les propos de ceux qui s'engouffrent dans la brèche vallsienne, on en est à espérer ne pas encore se prendre de plainte pour propos stigmatisants. Le Parti socialiste en est pourtant encore à inviter Caroline Fourest, pour parler de lutte contre les extrémismes. Pauvre Harlem Désir, son rôle n’est pas facile. Du temps de Lionel Jospin à Matignon au moins la feuille de route du Parti était établie. 35 H, emplois Jeunes, réduction du cumul des mandats... Aujourd’hui la ligne du hollandisme tient dans ces propos du président rapportés par une journaliste de l’Agence France Presse



https://twitter.com/cdelpuech/status/383489194426765312
 Entre tenir une ligne et jongler entre des balles qui sont parfois réelles, convenons que la mission n’est pas aisée.
Alors ensuite s’étonner que le Parti n’ait pas daigné s’exprimer publiquement sur les propos de l’incarnation parfaite de la synthèse de Clémenceau-Blum-Mendès-Rocard-Jospin et de tous les mannequins homme de Zara comment veux-tu, comment veux-tu…

Pourtant au gouvernement existe officiellement une ligne, exprimée par une  rédigée par les services de Matignon avec le concours de tous les ministères concernés. Elle a été signée par tous les ministrescirculaire du 26 août , ou peut s’en faut. Dont le ministre de l’intérieur, dont Duflot. Je défie quiconque d’y trouver de quoi justifier les propos du meilleur ministre de l’UMP sur le fait  que les Rroms n’auraient pas vocation à rester en France et que leur mode de vie différerait trop du notre. Ce qui semble nous amener à une conclusion logique. Mr le ministre des sondages foule au pied ses propres engagements, sa signature au bas d’un texte officiel. Met le feu à la plaine, par démagogie. Dit en somme que l’école républicaine n’est plus capable d’intégrer des enfants. Nous sommes menacés, pauvre de nous,  par 20 000 Rroms.  Nous construisons l’Europe disait la chanson. Qui avons-nous vu cette semaine pour simplement rappeler ce qui ne tient même pas des engagements mais des fondamentaux ? Cécile Duflot faisant le boulot de Jean Marc Ayrault, et Benoit Hamon. «  La République vous rattrapera »   disait Hollande. Le conseiller municipal d’Evry doit courir bien vite. «  Il faut agiter le peuple, disait Talleyrand, avant de s’en servir ».

Je vois dans les discussions entre militants, entre élus auquel j’assiste ou ce que je peux entrevoir sur les Internet la petite musique de fond qui se joue. Nous n’avons plus tant le choix. Les municipales s’annoncent catastrophique. Nous avons besoin de Valls pour sauver ce qui peut l’être, les sondages sont formels. Je vous fiche mes 18 ans d’expérience politique que ceci est une connerie monumentale. Les quelques personnes de droite qui aujourd’hui approuvent le ministre de l’Autorité retourneront sagement à la maison au moment de l’élection. Tandis que les personnes de gauche feront le bilan sur l’essentiel, l’emploi, le pouvoir d’achat. Je déteste cette façon qu’ont beaucoup de ceux qui annoncent leur départ du Parti de conter ce qui est en somme leur échec sous l’air de qui en attends des médailles. Parce que l’histoire politique de tout çà c’est qu’on a grave merdé, camarade, échoué perdu. On quitte le terrain parce qu’il n’y a même plus de bataille. Le réel, c’est quand on se cogne disait Lacan. Je ne me souviens plus depuis combien de temps il y eu choc au point que çà produise quelque chose. Parce que sur ce sujet il n’y a pas eu de bataille. Mr 5 et quelques pour cent lors de la primaire, qui nous parle tant de courage n’a jamais eu celui de soumettre ses vues sur ce sujet lors d’un congrès du Parti et s’est bien gardé d’exprimer le fond de sa pensée lors de la primaire. Il s’est contenté de ces déclarations face caméra sur l’air de la modernité. On peut encore les reprendre. Je vous recommande alors un exercice fort amusant, remplacer à chaque fois le terme de «  moderne » par celui de glamour ». Les deux collent tout autant à son propos. Mal nommer les choses, disait Camus, c'est ajouter à la misère du monde.

Un camarade me disait lorsque j’ai annoncé mon désir de rendre ma carte que « Lorsque les dégoûtés s’en vont, il ne reste plus alors que les dégoûtants ».  Nous en sommes bien là. Le plus drôle c’est que je quitte le Parti Socialiste au nom de ce que j’y ai appris. J’étais un niaiseux de 20 ans dont la culture politique se résumait à fort peu de choses lorsque j’ai pris ma carte. D’avoir milité, débattu, trébuché, écouté, répété quantité de fois qu’il ne faut pas tant médire du militantisme, car il nous offre des déceptions que rien d’autre ne procure, m’a donné des fondamentaux. Il suffit ensuite d’en tirer des conclusions. Je pars donc avec la conscience d'une dette envers une belle et bonne part de ceux que j’y ai côtoyé. Comme dirait Serge, l’exercice a été profitable, Monsieur.



5 commentaires :

  1. dommage, après avoir mené et perdu nombres de batailles tu t'en vas et tu nous laisses a l'aube de la plus importante celle des valeurs.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Si j'ai, comme tu dis, perdu toutes ces batailles je ne suis peut être pas le plus indiqué pour les gagner.

      Supprimer
  2. Je pense que tu a raison. On peut pas lutter contre un système en en faisant partie.

    RépondreSupprimer
  3. Votre article est malheureusement plein de vérité sur l'état du parti.
    Merci pour cet article.

    RépondreSupprimer
  4. Vos propos me rappellent ceux d'une partie de ma famille au début des années 90 au sein du PCF. J'ai cru comprendre à l'époque tout ce que cela entraînait comme affect. Je me souviens de quelques larmes perlées sur le bord de leurs joues.

    Je ne suis pas sur que vous ayez perdu ces batailles, le simple fait que vous soyez restés vous mêmes est en soi une victoire. Peut-être le temps d'un repos mérité se présente-t-il à vous. Il sera toujours temps de revenir ailleurs, autrement, lorsque vous vous en sentirez le courage ?

    RépondreSupprimer